Les pirates qui font la une des journaux hameçonnent généralement les collaborateurs de l’entreprise et pillent les informations personnelles des clients en grandes quantités. Vous pouvez les voir comme le supermarché du cybermonde. Ils revendent des numéros de carte de crédit (au marché noir bien entendu) pour quelques dollars la pièce.
Puis il y a les cybercriminels (et gouvernements) qui ciblent spécifiquement des cadres dirigeants, car ceux-ci disposent d’un accès direct à la propriété intellectuelle de leur entreprise.
L’équipe derrière DarkHotel est un de ces gangs d’élite. Ses membres ont développé des logiciels malveillants destinés à attaquer les cadres séjournant dans les hôtels de luxe : leurs APT spécialement fabriquées installent des enregistreurs de frappe clavier de bas niveau sur les ordinateurs portables des victimes et envoient les résultats vers des serveurs de commandement et contrôle (C2).
Pourquoi perdre du temps avec des numéros de carte de crédit quand vous pouvez capter des informations internes critiques et réaliser des dizaines de millions rapidement en quelques transactions boursières ?
Du beau travail si vous pouvez l’effectuer !
Le « whaling » ou chasse à la baleine
Ce type d’attaque est connu sous le nom de « whale phishing », mais pour moi, il se trouve à cheval sur les catégorisations de piratage interne et externe.
Bien entendu, c’est un pirate externe qui lance l’attaque. Mais celle-ci dépend largement des comportements et des habitudes d’un groupe sélectionné de personnes internes à l’entreprise, et qui ne connaissent probablement pas les subtilités de l’internet.
L’équipe de DarkHotel a pu compromettre des réseaux WiFi d’hôtels (pour la plupart en Chine, en Corée, au Japon et à Taiwan) et surveiller les clients leurs de leurs connexions. Les cadres visés ont été hameçonnés au moyen d’un message les invitant à installer la mise à jour d’un logiciel légitime, Adobe Flash par exemple. Le module contenait une APT furtive et très sophistiquée s’installant elle-même au niveau du noyau sur l’ordinateur portable de la victime.
Selon Kaspersky Labs qui a détecté l’attaque, la bande ciblait les « cadres dirigeants des États-Unis et d’Asie faisant des affaires et investissant dans la région APAC : PDG, vice-présidents, directeurs commerciaux et marketing et responsables R & D ».
Ces pirates suivent simplement les meilleures pratiques en matière d’ingénierie sociale : comprendre les habitudes et les préférences des victimes avec une attention particulière sur l’identification d’un point de levier.
Outre les hôtels de luxe, les cadres dirigeants aiment aussi utiliser les services de location de voitures. Ainsi, un courrier électronique de phishing intitulé « Facture pour limousine » retiendra sûrement l’attention de vice-présidents et d’autres collaborateurs situés au sommet de la hiérarchie.
Et c’est exactement l’approche adoptée par cette bande criminelle pour son attaque. La facture PDF en pièce jointe contenait un logiciel malveillant. Et comme tous les autres courriers d’hameçonnage que nous recevons tous, ouvrir le fichier active la charge utile.
Auditer le PDG et les autres cadres dirigeants
Bien sûr, la sécurité informatique doit surveiller tous les employés pour détecter les activités de vol de propriété intellectuelle par des pirates internes ainsi que les pirates ayant forcé le périmètre au moyen d’informations d’identification volées ou devinées.
L’essentiel à retenir du « whale phishing » est que les cyberbandes produiront de nombreux efforts pour dérober les contenus confidentiels des entreprises. Les services informatiques doivent donc accorder une attention soutenue à la surveillance de l’encadrement.
Remarque destinée aux spécialistes de la sécurité informatique : avec les collaborateurs dirigeants, vous devez mettre l’accent sur les règles de type UBA, et prendre toutes les notifications au sérieux, sans supposer qu’elles constituent probablement de simples faux positifs.
Si une alerte vous informe qu’un cadre a déplacé une présentation importante vers une zone moins protégée du système de fichiers, contactez-le par téléphone immédiatement !
Jusqu’où étendre la surveillance ?
Je n’irai pas jusqu’à un groupe spécialisé de gardes du corps informatiques spécifiquement chargés de protéger les « gros bonnets » de la société. Mais par ailleurs, il serait vraiment judicieux de demander à un ou deux membres de l’équipe de sécurité de faire preuve d’un intérêt particulier pour les cadres dirigeants.
Si vous ne consacrez pas du temps et de l’argent à comprendre ces cadres, certains pirates exécuteront le travail à votre place… mais à un coût beaucoup plus élevé.
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David Gibson
David Gibson a plus de 20 ans d'expérience dans les domaines de la technologie et du marketing. Il s'exprime fréquemment sur la cybersécurité et les meilleures pratiques technologiques lors de conférences sectorielles et a été cité dans le New York Times, USA Today, The Washington Post et de nombreuses sources d'information sur la sécurité.